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Le blog de M.Hermassi

La première greffe totale du visage a réussi

10 Juillet 2010 , Rédigé par M.Hermassi Publié dans #Sciences

 


greffe-du-visage.jpg     
  

Le professeur Laurent Lantieri dans son bureau au cinquième étage du CHU Henri-Mondor. Livres de médecine et photos jouxtent des moulages de crânes.

Le professeur Laurent Lantieri et son équipe ont transplanté un visage entier. Jérôme, leur patient,se porte bien. Retour sur une première mondiale.

« Il faut vraiment être fou pour faire un truc pareil. » Cette phrase, le professeur Laurent Lantieri s'en souvient. Il est en pleine intervention, à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne), le dimanche 27 juin, quand il la prononce. Sur la table d'opération, devant lui, Jérôme, 35 ans, n'a plus de visage. Avec ses seuls globes oculaires au milieu de la face, il en attend un nouveau. Le chirurgien prend conscience de la prouesse qu'il est en train d'accomplir.

C'est une première mondiale. Une transplantation nez-lèvres-menton avait été réalisée au CHU d'Amiens par les professeurs Devauchelle et Dubernard, le 27 novembre 2005. L'opération avait permis à Isabelle Dinoire, défigurée par la morsure de son chien, de retrouver un visage. En janvier 2007, le professeur Lantieri réussissait la troisième transplantation partielle sur Pascal, 27 ans, atteint de neurofibromatose, une maladie génétique qui lui déformait la face. Des greffes de ce type, il y en a eu douze dans le monde.

Une opération de deux jours

Mais jamais personne n'avait, jusqu'ici, réussi une transplantation totale. « La particularité de cette greffe c'est que nous avons inclus les paupières. Pas uniquement la peau et les muscles releveurs, mais les voies lacrymales », explique le chirurgien. C'était la phase la plus délicate. L'opération marathon a duré deux jours.

Tout commence le samedi 26 juin. Laurent Lantieri est à Nice pour un mariage. Vers 13 h, son téléphone sonne. Un homme à la peau compatible avec celle de Jérôme vient de décéder dans un hôpital de province. Le défunt, dont le nom est gardé secret, avait fait don de ses organes. Le chirurgien se rend immédiatement sur place. Le visage est prélevé dans la nuit. La course contre la montre a commencé.

Direction Créteil où une autre équipe scalpe la face abîmée de Jérôme. La transplantation débute à 21 h 30 et dure douze heures. Les chirurgiens raccordent un à un nerfs, vaisseaux, muscles et tissus. « Beaucoup de couture », résume le professeur Lantieri. Le greffon prend les formes osseuses du receveur : le nouveau visage ne ressemble pas à celui du donneur.

Jérôme est sorti de réanimation au bout de cinq jours. Aujourd'hui il va bien. « Il marche, mange, parle. De la barbe a déjà repoussé sur son nouveau visage », témoigne son chirurgien. L'homme, atteint lui aussi d'une neurofibromatose, ne supportait plus le regard des autres sur son visage déformé. Il espère désormais pouvoir « se fondre dans la foule, comme n'importe qui ».

Restent les risques d'infection et de rejet. « Ils arrivent généralement trois à quatre semaines après la greffe , prévient le médecin. Mais les rejets sont parfaitement contrôlables. »

Anne-Claire POIGNARD.

 

 

 

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