Comment faire la sieste au bureau ?

Au mieux controversée, au pire taboue, la sieste au bureau n’est toujours pas entrée dans les habitus des travailleurs. Et pourtant, elle n’aurait que des avantages ! Mode d’emploi.

1. La sieste au travail, une obligation ?

Si les employeurs se prononcent globalement contre la sieste au bureau, il n’en reste pas moins que les Français ont de gros problèmes de sommeil. Nouveau-né ne faisant pas encore ses nuits, rue bruyante, insomnies, anxiété, stress, abus de boisson à la caféine et d’écrans, les raisons sont nombreuses. Et un salarié qui dort mal, c’est un salarié qui travaille mal. Or, d’après une enquête TNS Sofres pour l’Institut du Sommeil et de la Vigilance, 45% des Français ne dorment pas assez. La fatigue, physique et intellectuelle, est aussi mise en cause dans les affaires de burn out. D’après l’INRS, les salariés souffrant de burn out (ou épuisement professionnel) passent par les 3 phases suivantes : d’alarme, de résistance puis d’épuisement. S’adonner à une sieste quotidienne soulagerait cette pression.

2. Persuadez votre hiérarchie

D’après le Dr. David Servan-Schreiber, auteur de Guérir et de Anticancer, faire une sieste par jour permet de réduire le risque de cancer et d’atténuer les effets de la dépression. Bref, la sieste est bonne pour le moral et pour la santé. Qui dit salarié en bonne santé dit pas d’arrêt maladie, dit une meilleure productivité… Voilà qui devrait convaincre même le patron le plus réticent : perdre 20 minutes de sieste fait gagner, sur le long terme, plusieurs jours de travail. Yves Gunder, médecin du travail à Paris, s’exclame : « La sieste au travail, je n’y vois que des avantages ! Si les traders avaient pu faire une sieste entre deux opérations pour reprendre leurs esprits, peut-être qu’une grande banque française n’aurait pas perdu des milliards ? »

3. Trouvez-vous des compagnons de sieste

« Voulez-vous faire la sieste avec moi ? » Ce n’est pas une proposition indécente, c’est une question très sérieuse posée par Sébastien, 34 ans. Ce responsable sécurité et réseaux dans une PME de La Défense a arpenté les couloirs avant de trouver trois partenaires de sieste. Avec ses acolytes, il réquisitionne une salle de réunion tous les jours de 13h40 à 14h. Pas encore de lit ou de sac de couchage, mais assis sur des chaises, les volets fermés, ils s’assoupissent et ferment les yeux quelques instants. Sur la porte, une feuille « ne pas déranger » décourage les importuns qui se faisaient un malin plaisir d’entrer ou de faire du bruit les premiers temps. « Le patron ? Il n’a rien à dire : on le fait sur notre temps de pause déjeuner » se défend Sébastien.

4. En pyjama, en voiture, avec un oreiller ?

Certains n’hésitent pas à apporter des affaires personnelles au travail. De là à venir avec son propre pyjama… Aïda, responsable d’un Comité d’Entreprise, s’agace un peu des demandes qu’elle juge farfelues: « Entre ceux qui réclament une salle de sports, ceux qui apportent leur brosse à dents, leur dentifrice, leurs enfants… et maintenant le pyjama ? Où va-t-on ? » Elle compte répondre à ceux qui lui poseraient la question qu’ils « n’ont qu’à dormir chez eux ». Ou dans les transports : « Je fais le chemin en covoiturage. Je conduis une fois sur quatre mais les trois autres fois, c’est mon moment de sieste » raconte Séverine, enseignante en Picardie. Quel que soit le lieu choisi, soyez vigilant sur la sécurité : hors de question de s’endormir sur un chantier en travaux par exemple. Attention aussi à la durée de votre sieste : « Le sommeil se compose de phases différentes, 90 minutes pour le sommeil lent dit profond  et 20 minutes pour le sommeil paradoxal » rappellent les experts. Programmez donc un réveil sur votre téléphone portable 20 minutes maximum après votre endormissement : si vous tombiez dans une phase de sommeil lent, le réveil serait trop difficile.

5. Et si vous ne pouvez vraiment pas…

Si malgré tout il vous est impossible de faire la sieste au travail, optez pour quelques astuces anti-fatigue au quotidien. Limitez les gros déjeuners lourds, les fritures, l’alcool, les plats en sauce ou pimentés : bref, tout ce qui mobilisera le corps sur la digestion et vous fera vous assoupir Pour lutter contre les yeux qui piquent, vous pouvez opter pour une protection d’écran destinée à réduire les reflets et la luminosité, comme celui-ci . N’hésitez pas à faire quelques aménagements dans votre bureau : lumière vive mais indirecte pour ne pas fatiguer les yeux, fauteuils confortables, repose-pieds sont autant d’accessoires ralentissant l’arrivée de la fatigue. Enfin, ne négligez pas les odeurs. « Pour se donner un coup de fouet au travail, rien de tel que la menthe poivrée » conseille Pascale Muscat, spécialiste des huiles essentielles. A installer en diffuseur dans toute la pièce ou à respirer directement, elle peut être couplée à la cannelle « excellente huile essentielle anti-fatigue » d’après l’experte.

Avant de décider de votre propre chef de faire un somme, assurez-vous d’avoir une autorisation écrite : d’après la Cour de Cassation, être surpris endormi sur son lieu de travail peut être considéré comme une faute grave menant au licenciement…