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Le blog de M.Hermassi

Un exemple à suivre

2 Juillet 2010 , Rédigé par M.Hermassi Publié dans #Mes articles

 

Un exemple à suivre

 

Une fonctionnaire risque l’exclusion, pour avoir critiqué l’administration dans un livre. Soutenant Aurélie Boullet, en prenant son exemple, et dénoncer d’autres abus. Brisant le carcan de l’exploitation en tous genres.

                                                                              M.Hermassi

Une haute fonctionnaire poursuivie pour un pamphlet   



Arelie Boullet


Aurélie Boullet avec le livre qu'elle a écrit sous le pseudonyme de Zoé Shepard et qui narre sur un ton décapant la vie de bureau dans une mairie en région parisienne.Crédits photo : AFP

En poste au conseil régional (PS) d'Aquitaine, la jeune femme fait une critique acerbe du fonctionnement de l'administration locale. 

http://www.lefigaro.fr/icones/coeur-.gif

Pour avoir écrit, sous le pseudonyme de Zoé Shepard, un récit incisif intitulé. Absolument dé-bor-dée!, une haute fonctionnaire du conseil régional d'Aquitaine encourt une exclusion d'une durée de deux ans, avec perte de rémunération. Aurélie Boullet, 30 ans, suspendue de ses fonctions, était convoquée jeudi devant le conseil de discipline de la région présidée par le socialiste Alain Rousset, qui lui reproche d'avoir manqué à son devoir de réserve et de discrétion.

Le livre, publié en mars dernier (Ed. Albin Michel), narre sur un ton décapant, souvent cruel, la vie de bureau dans une mairie en région parisienne. Nourri d'anecdotes réelles ou inventées, le récit est une critique en règle du fonctionnement de l'administration française: immobilisme, incompétence, effectifs pléthoriques, absentéisme chronique, «réunionite» aiguë… «Ce livre est né d'un grand désespoir professionnel car je n'ai jamais réussi à faire ce pour quoi j'avais été embauchée», a expliqué jeudi l'auteur, qui se dit profondément attachée à l'intérêt général et travaillait alors au service des relations internationales de la région.

Campant ses personnages loin de l'Aquitaine, Zoé Shepard a caché son visage et modifié sa voix lors de la promotion de l'ouvrage. Mais ces précautions se sont révélées insuffisantes. Un ancien camarade de l'Institut national des études territoriales a démasqué Aurélie Boullet derrière la férocité du propos. Ses collègues du conseil régional se sont reconnus dans les caricatures désobligeantes de «Simplet», «Coconne» ou «The Boss».

«Cerveau atrophié, trou noir cérébral, gang de chiottards… notre avocat a relevé huit pages d'injures caractérisées. Toutes ces attaques ont profondément blessé», observe Jean-Luc Mercadié, directeur général de services du conseil régional, dénonçant un «règlement de comptes personnel, ne correspondant en rien à la réalité de l'institution».

«Un livre utile»

Devant le conseil de discipline, Aurélie Boullet a assuré jeudi que son livre, vendu à 10.000 exemplaires, ne visait pas spécifiquement l'administration bordelaise. «Déçue par son premier poste, Zoé Shepard a souhaité pointer du doigt des dysfonctionnements généraux que bien d'autres ont soulevés avant elle», témoigne Delphine Krust, son avocate. Dans un rapport publié en décembre 2009, la Cour des comptes notait par exemple une augmentation de 71,2% des effectifs de la fonction publique territoriale entre 1980 et 2007. «Il existe un vrai problème de gestion des régions de gauche, où les dépenses de fonctionnement ont explosé alors que l'investissement diminuait en proportion», renchérit l'ancien ministre de la Fonction publique, Roger Karoutchi.

Aux yeux de son avocate, une exclusion pendant deux ans, avec perte de salaire, serait «une sanction excessive risquant de compromettre la carrière d'Aurélie Boullet, que tous jugent brillante».

La jeune fonctionnaire devait intégrer une chambre régionale des comptes en septembre. Elle envisage désormais de porter la sanction, qui figurera sur son dossier, devant un tribunal administratif. Son avocate en fait une question de principe: «Il s'agit aussi de défendre la liberté d'expression et de création littéraire des agents publics. Ce genre de livre est utile, parce qu'il peut permettre à l'administration de se remettre en cause.» La décision du président du conseil régional est attendue dans les jours qui viennent.

 

Par Delphine Chayet

 

 

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